L’alerte de 48 associations sur le sort des personnes handicapées, « oubliées de la pandémie » de coronavirus

Le Collectif Handicaps, regroupant 48 associations, dénonce la situation des personnes handicapées, discriminées dans la gestion de l’épidémie. Les soins à domicile s’arrêtent, les cas graves se multiplient et certaines personnes se voient refuser l’admission dans les hôpitaux, contraintes de rester dans des établissements médico-sociaux.

Le Collectif Handicaps, composé de 48 associations, signe une tribune pour alerter sur le sort des personnes atteintes de handicap, « les oubliés de la pandémie ». Voici leur tribune dans le JDD : « Les droits aux soins, à l’hospitalisation et à la réanimation semblaient être des droits inaliénables, naturellement garantis à tous dans un système de santé que nous nous glorifiions de considérer comme un des meilleurs du monde. Jusqu’à cette crise. Jusqu’à ce que nous découvrions que ces droits pouvaient voler en éclats pour certaines personnes. Pourquoi? Simplement parce qu’elles sont, en raison de leur handicap, particulièrement discriminées.

Chaque jour, les personnes handicapées sont de plus en plus nombreuses à être touchées par le coronavirus. Les soins à domicile s’espacent ou, pire, s’arrêtent ; d’autres soins importants sont déprogrammés, avec des conséquences et des séquelles importantes dès aujourd’hui, mais aussi sur le long terme. Les cas graves se multiplient. Des décès, même s’ils ne sont pas toujours comptabilisés dans le bilan officiel, nous sont communiqués.

Face à cette situation, alors que l’accès à l’hôpital devrait être facilité, il devient compliqué. Une porte infranchissable même dans certains territoires, où l’on demande déjà aux personnes handicapées malades de rester dans les établissements médico-sociaux. Il est pourtant connu que ces établissements, qui assurent uniquement des soins courants et d’entretien, ne disposent ni du matériel, ni du personnel pour traiter les conséquences de cette pandémie.

Les alertes que nous recevons laissent craindre que l’admission en soins intensifs, voire en réanimation, ne soit déjà plus assurée, en particulier dans les zones dites « clusters » dans le Grand Est ou le nord de la France. Au lieu de déboucher sur une attention et des soins renforcés, les critères médicaux de vulnérabilité au Covid-19 risquent de devenir à l’inverse des critères d’exclusion des soins.

Plus que jamais mobilisés, les aidants familiaux et professionnels doivent gérer l’ingérable, bien au-delà de leur rôle d’accompagnant. La société ne peut se contenter de fermer lâchement les yeux : ce serait si pratique, mais scandaleusement indigne.

Indigne de ne pas pouvoir être soigné à domicile en raison de son handicap et du confinement. Indigne de laisser les personnes handicapées accueillies en établissement médico-social se voir opposer un refus d’hospitalisation. Indigne d’accepter que le handicap devienne un motif de refus de réanimation ou de soins intensifs. Indigne que le droit de mourir dignement ne soit pas reconnu à tous. Ces principes doivent être fortement réaffirmés par l’État pour sortir les personnes handicapées des oubliettes de cette pandémie. »

Tribune publiée dans le JDD le 4 avril 2020.

L’alerte de 48 associations sur le sort des personnes handicapées, « oubliées de la pandémie » de coronavirus (lejdd.fr)