Accepteriez-vous de ne pas pouvoir vous déplacer ni sortir quand et où vous le souhaitez ; de ne pas pouvoir aller à l’école, trouver un logement, un professionnel de santé, un emploi ; de vivre sous le seuil de pauvreté, sans aucune perspective d’évolution ; de ne pas pouvoir bénéficier des aides nécessaires à votre autonomie ; et de subir le regard des autres ? C’est ce que vivent aujourd’hui encore des millions de personnes en situation de handicap en France : une véritable mise au ban de la société.
Notre pays n’est pas à la hauteur de sa devise « Liberté, égalité, fraternité ». Notre République n’est pas inclusive.
Le 10 février dernier, à la veille des 20 ans de la loi handicap de 2005 et sous l’impulsion d’APF France handicap, du Collectif handicaps et de personnalités de la société civile, des milliers de personnes se sont réunies place de la République à Paris et dans toute la France pour dire haut et fort que cette loi, aussi porteuse d’espoir soit-elle, ne vaut rien si elle n’est pas appliquée. Le gouvernement ne nous a pas entendus.
Le Comité interministériel du handicap du 6 mars aurait pu être un sursaut. Il n’a été qu’un exercice de communication. Fin mars, le rapport annuel de la Défenseure des droits confirmait que le handicap est, pour la 8e année consécutive, la première cause de discrimination en France.
Face à l’inaction politique, nous avons choisi d’agir. Car nous en sommes convaincus : une autre société est possible, et nous pouvons la construire ensemble. C’est en tant que citoyennes et citoyens à part entière que nous faisons nôtre la devise républicaine en la revisitant : liberté, égalité et accessibilité !
Sans accessibilité, mère de tous les droits et condition sine qua non de leur effectivité, pas de liberté, ni d’égalité.
Quant à la fraternité, fondement du vivre ensemble, elle est au cœur de nos valeurs mais elle est aujourd’hui trop souvent utilisée pour compenser le défaut d’actions de l’État. Tout comme les solidarités individuelles, familiales… tendent à compenser la solidarité nationale.
Nous refusons que la fraternité et la solidarité compensent les problèmes structurels de la société, un système et une culture, imprégnés de validisme, qui discriminent et ségrèguent.
Il est essentiel de prendre conscience de cette culture, de la déconstruire, et de refonder la politique du handicap et, au-delà, les politiques publiques, en adoptant une approche fondée sur les droits humains, non médicale, non paternaliste, non discriminante.
Le handicap est un révélateur de problèmes sociaux auxquels toutes les Françaises et les Français sont confrontés : difficultés d’accès à l’emploi, au logement, aux soins, à des ressources financières permettant de vivre décemment…
Défendre et rendre effectifs les droits des personnes en situation de handicap et de leurs familles, c’est défendre et rendre effectifs les droits de toutes et tous. C’est ne laisser personne sur le bord du chemin.
Le handicap est un levier pour tirer la politique vers le haut pour une société meilleure pour toutes et tous.
Nous devons donc impérativement changer notre modèle de société pour une société inclusive et solidaire, c’est-à-dire une société qui respecte les libertés et droits fondamentaux ; met en œuvre les objectifs de développement durable avec trois piliers : économique, social et écologique ; prend en compte la singularité, la place et le rôle de chacune, chacun ; accepte et respecte toutes les différences ; garantit la protection sociale et la solidarité pour toutes et tous : ressources, santé, autonomie, famille, vieillissement.
Alors, ensemble, soyons le changement ! Nous proposons aux citoyennes et citoyens, aux organisations de la société civile et aux femmes et hommes politiques qui veulent faire évoluer notre société et notre pays vers un futur désirable et accueillant pour toutes et tous, de hisser l’étendard d’une République inclusive.
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