Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 envisage d’amputer de plus de 20% le budget de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) : une attaque contre l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap qui ne sera pas passée sous silence.
Depuis plus de 35 ans, l’Agefiph œuvre pour soutenir et accompagner les personnes en situation de handicap vers l’emploi, c’est près de 200 000 aides et services proposées aux personnes en situation de handicap. Le financement de l’Agefiph provient quasiment exclusivement de la contribution des entreprises au titre de l’obligation d’emploi des personnes handicapées : lorsqu’elles ne remplissent pas leurs obligations d’emploi, les entreprises doivent verser une contribution, qui sert alors à financer différentes actions pour l’insertion et l’emploi des personnes handicapées. C’est donc un système vertueux et auto-financé.
Pourtant, à la lecture du PLF, l’association se voit confrontée à un plafonnement de ses ressources à 457 millions d’euros, une coupe estimée à plus de 100 millions d’euros. Cette réduction menace des milliers d’accompagnement, de formation et de financements indispensables à l’emploi des personnes en situation de handicap avec des conséquences directes sur l‘accompagnement des travailleurs
Si ce budget est voté, l’Agefiph sera contrainte de supprimer ou de limiter son soutien aux entreprises et aux personnes en situation de handicap, allant de la formation à l’adaptation des postes de travail. Ce choix contredit les engagements pris par la France lors des Jeux Paralympiques (autour de la « révolution inclusive ») et à la Conférence Nationale du Handicap de 2023 (qui portait des promesses pour lever les freins à l’emploi et à la formation). De même, alors que la santé mentale a été déclarée comme « grande cause nationale 2025 », réduire les aides pour les travailleurs handicapés, notamment ceux touchés par des troubles de santé mentale, est non seulement incohérent mais dangereux.
Le comble ? Cette décision de plafonnement des ressources intervient alors que les recettes de la contribution des entreprises (obligation d’emploi des personnes handicapées) sont en hausse, avec des prévisions de 555 à 575 millions d’euros. En imposant un plafond de 457 millions d’euros, le Gouvernement détourne des fonds qui ne seront pas alloués à l’insertion des personnes en situation de handicap.
Il est encore temps d’agir !
Le Gouvernement doit écouter les acteurs de terrain et rétablir un budget qui permettra à l’Agefiph de continuer à favoriser l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap et à réduire les discriminations. Ponctionner des ressources qui doivent aller à l’insertion des personnes en situation de handicap dans le milieu professionnel n’est pas acceptable. Après l’attente de la nomination d’une ministre du handicap, c’est à se demander si le Gouvernement souhaite mettre fin aux dynamiques d’inclusion…